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AN =  Les exilés congolais au Gabon.

19 février 2021
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Armel Ovono Essono
Université Omar Bongo
Faculté des Lettres et Sciences Humaines
Département d’Anthropologie
Laboratoire d’anthropologie (LABAN)
Gabon

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Cet article rend compte des premières réflexions issues d’une recherche de terrain en mai 2020 dans le contexte du « confinement partiel » du « Grand Libreville » [1]. Il se penche sur la situation de vulnérabilité des exilés congolais dans le contexte sanitaire de la covid-19. Cette pandémie, non seulement place l’Etat face à un problème de santé publique sans précédent, mais aussi impacte l’économie du pays et les couches sociales les plus fragiles. Parmi ces dernières, les populations exilées congolaises, qui n’ont optée – pour certains - ni pour le retour « volontaire » en République du Congo, ni pour l’acquittement des frais de titre de séjour qui leur octroie le statut de migrant économique, voient leur situation sociale se dégrader de façon exponentielle. Cette dégradation exacerbe la précarisation, due à la cessation brutale, en janvier 2011, du statut de réfugié en territoire gabonais pour les Congolais ayant précipitamment quitté leur pays lors de la guerre civile de 1997-1998.

Désormais migrants illégaux, et donc sans minima sociaux, leur intégrité et leur devenir sont menacés. Ce texte veut examiner comment la situation sanitaire de la pandémie de la Covid-19 révèle au grand jour l’importance de cette situation sociale.

Avant la pandémie, cette population congolaise avait l’impression de vivre dans « une prison géante ». Hors d’atteinte de la garantie des droits communs, car en situation irrégulière, leurs libertés fondamentales sont amoindries. Cependant, l’exploitation des réseaux de parenté et de sociabilité rendait cette situation d’indétermination (le statut juridique dans le pays d’accueil, les projets biographiques, l’insertion professionnelle, etc.) moins violente.

Mais, en situation de restriction généralisée due à la covid-19, quelles sont les logiques d’action et les « marges » qu’ils parviennent à négocier pour « faire face » à cette période exceptionnelle ? (Bertaux et al, 2014).

Ce travail est aussi un prétexte pour comprendre, dans leur condition d’« expulsabilité » (N.-P. De Genova, 2002) [2], les pratiques sociales urbaines des populations en situation irrégulière au point de se constituer « sans-papiers » [3]. C’est donc une réflexion générale sur la situation post-asile des exilés congolais au Gabon que ce travail initie.

Après avoir brièvement clarifié les notions usuelles d’« exilé » et de « vulnérabilité », nous présenterons dans un premier temps le terrain et le contexte général de la recherche en passant par la démarche méthodologique. Dans un second temps, nous monterons le processus de construction de la vulnérabilité des exilés congolais au Gabon et son exacerbation en période de pandémie de la covid-19. Enfin, nous verrons comment, dans leur situation d’incertitude, ils mobilisent des ressources pour (sur)vivre.

1. Bref rappel historique sur la présence des réfugiés congolais au Gabon

En 1997 et 1998, une violente guerre civile éclate au Congo-Brazzaville [4] . Elle est le résultat de la crise de légitimité créée par la rupture de l’accord passé entre l’ancien président Denis Sassou-Nguesso et son successeur Pascal Lissouba (P. Yengo, 1998). Mais la République du Congo avait déjà connu une première irruption de violence politique entre 1993 et 1994. Cette violence, dont le nombre de victimes humaines, des destructions et des pertes de biens matériels est allée croisant s’est imposée comme une violence milicienne (J. Tonda, 2005, 237). Environ 800.000 personnes fuiront les violences urbaines et un peu plus de 12 000 congolais (HCR, 2008) trouveront refuges au Gabon. En l’absence de camps, bénéficiant du statut de réfugié prima facie [5] et partageant les mêmes identités transfrontalières que les Gabonais, les réfugiés congolais s’inséreront dans les villes et les quartiers où ils retrouveront pour certains les familles biologiques, les amis, les clans ou d’une manière générale, des « parents » (sous entendu « ethniques ».

Jugeant stable la situation politique et sociale au Congo-Brazzaville, le Gabon procèdera au forceps en janvier 2011, non sans résistance des réfugiés congolais, à la cessation de leur statut de réfugié en République gabonaise à partir d’un accord tripartite avec le Haut-commissariat aux Réfugiés (HCR) et la République du Congo.

2. Point de clarification sur les notions d’« exilé » et de « vulnérabilité »

Les Congolais, après la clause de cessation de leur statut de réfugié en territoire gabonais, sont désormais considérés comme migrants économiques. Par conséquent, ces derniers sont soumis, au même titre que les autres migrants, aux règles en vigueur relatives au séjour des étrangers en République gabonaise. Un nombre important de Congolais arrivés au Gabon pendant la guerre civile au Congo se considèrent toujours en effet comme réfugié. Cette revendication légitime du statut de réfugié est fondée moins sur la crainte d’une persécution liée à leur appartenance ethnique que sur celle de leur opinion et engagement politique [6] . Il faut toutefois souligner que plusieurs d’entre eux sont pour certains d’anciens militaires et pour d’autres d’anciens miliciens gouvernementaux : Zoulous, Aubevillois, Cocoyes et Mamba.

2.1. Réfugié ou exilé ? Une perspective expérientielle des épreuves sociales
Dans le prolongement de nos recherches, nous utilisons la notion d’exilé (et d’exil) parce qu’elle nous permet de dépasser la dichotomie « réfugié »/« immigré ». Le terme réfugié à une charge juridique dont les aléas interprétatifs ne sont pas opératoires dans le contexte post-asile des Congolais. Le terme immigré, lui, est trop englobant, et crée une confusion entre toutes les situations de migration et d’installation (M. Hachimi Aloui, 2007). Il pêche en effet à rendre compte de l’expérience exilique des Congolais dans une situation d’indétermination. Dans cette perspective, le défis que doivent relever les exilés congolais s’articule autour du maintien des liens sociaux dans la société d’accueil en mobilisant des ressources culturelles, matérielles et sociales.

Puisque la notion de vulnérabilité est au cœur de la définition du statut de réfugié tel que celui-ci est précisé en droit international (L. Cambrézy, 2007), quelle acception en fait la sociologie et l’anthropologie pour que l’on puisse l’envisager au regard des populations réfugiées ?

2.2. La vulnérabilité dans le champ de la sociologie et de l’anthropologie
La notion de vulnérabilité quant à elle fait l’objet d’âpres débats, et oscille entre rejet et réajustement conceptuel dans les sciences humaines et sociales. L’une des critiques souvent formulées est qu’elle peut désigner un large éventail de fragilités de différentes natures, individuelles et collectives (A.S. Sarcinelli, 2014). C’est donc une notion très générale et parfois galvaudée, applicable à une multitude d’expériences de vie où les individus et les collectifs prennent des risques et s’exposent à des dangers menaçant leur intégrité, voire leur devenir (B. Formoso, 2019, 1).

La sociologie appréhende la notion de vulnérabilité dans son articulation avec la question du lien social. Dans sa dimension sociale ou relationnelle, elle est comprise comme un continuum entre l’intégration et la désaffiliation, ou une limitation des ressources (culturelles, matérielles, sociales). En plus, l’analyse des échanges interindividuels permet aussi de l’appréhender diversement en contexte situationnel (ici : le contexte du confinement au Gabon pour cause de Covid-19).

Notre démarche suit résolument les traces de l’affiliation qui, chez les exilés congolais perdurent et se recomposent, en donnant lieu à des « formes d’innovation et de survie » capables de « redonner du sens à [leurs] quotidiennetés a priori amoindries » (Cohen, 1997, 11).

Le niveau de vulnérabilité, on peut le voir, s’apprécie au regard de la résilience, entendue comme la capacité pour un individu « à absorber un choc et à se reconstruire » (A. Favrat, 2015).Le concept de vulnérabilité est donc utile à l’analyse anthropologique dès lors qu’il est rattaché, comme le précise Bernard Formoso (op. cit.), à des situations précises, pour traduire le ressenti de victimes confrontées à la violence, à la dépendance et à des rapports de pouvoir qui leur sont très défavorables.

3. Le Terrain de la recherche. Enquêter en situation de confinement partiel à Derrière la prison, Boulevard triomphal et Sotega [7]

Comme la plupart des quartiers populaires de Libreville, ces trois quartiers sont constitués autour de la variable ethnique. Lorsque l’on quitte les voies principales, l’occupation anarchique de l’espace plante de le décore. C’est dans cet environnement que Gabonais et ressortissants venus d’Afrique centrale et de l’ouest en l’occurrence entretiennent des relations sociales « contractuelles » qui s’articulent, pour l’essentiel autour du commerce et des services. C’est dans ces quartiers « périphériques », que se sont insérés, à leur arrivée au Gabon, plusieurs réfugiés congolais qui partagent les mêmes identités transfrontalières avec les Gabonais. Il faut dire que pour ces réfugiés, les configurations spatio-ethniques et la vie communautaire de ces quartiers évoquent leur milieu d’origine. Ils « fétichisent » l’ethnie, même si les autochtones nourrissent une sorte de différenciation par des stigmatisations identitaires. La caractéristique multiculturelle de ces quartiers fait partie de leur l’identité.

D’un point de vue méthodologique, saisir l’individu en situation urbaine, commande d’adopter les approches des régions, des situations et des réseaux telles que développé par Michel Agier (1996). L’approche régionale permet de comprendre la manière dont l’acteur urbain - quel qu’il soit - définit son lieu par référence à ses représentations spatiales et morales.

Quant à la situation, elle permet de libérer l’enquête d’un cadre spatial et institutionnel rigide et l’appréhension de phénomènes pouvant être marqués par une certaine fluidité. C’est-à-dire que le passant et la rue (espace public), parce qu’ils participent d’un « engagement situationnel », peuvent entrer dans le champ d’observation de l’anthropologue. C’est à ce dernier de trouver les éléments significatifs de l’ordre social global d’une part et, d’autre part, les articulations possibles entre les différentes situations vécues, qu’elles soient accidentelles, routinières ou rituelles » (M. Agier, op. cit., p, 43). Ainsi, par l’approche des situations, l’anthropologue de la ville se libère de la limitation contraignante des référencements spatial et institutionnel pour « construire des cadres d’enquêtes interactionnels et intersubjectifs » (ibidem).

Enfin, le réseau quant à lui permet à l’anthropologue de devenir totalement mobile lorsqu’il s’appuie sur les différentes situations (habituelles, rituelles et occasionnelles) pour « voir et suivre » des réseaux sociaux en train d’opérer, précisément, in situ. Dans ce cadre, la qualité du réseau est importante. Cette qualité suggère qu’il y a une relation substantielle entre le type de lien social, leur(s) fonction(s) et leur(s) contenu(s) moral(aux). C’est en s’efforçant de « cerner » l’individu à partir de ces trois notions qu’il est possible de voir, de suivre et de comprendre aussi les formes de liens sociaux en situation.

Dans la situation du confinement partiel du Grand Libreville, il a été particulièrement difficile d’avoir des entretiens réguliers avec les exilés congolais. En effet, depuis la cessation de leur statut de réfugié, leur présence sur le territoire gabonais est illégale. Par conséquent, la suspicion et la crainte pouvaient gangréner notre enquête et les entretiens sans l’intervention et la participation de Charles [8] , notre interlocuteur ressource, qui nous a mis en contact avec son réseau relationnel. Par lui nous avons donc pu rencontrer et travailler avec quelques-uns de ses compatriotes migrants illégaux. Nous avons ainsi rencontré au total 11 congolais, anciens réfugiés statutaires et habitants les quartiers Derrière la prison, Boulevard Triomphale et Sotega. Les entretiens étaient commandés sur rendez-vous et pour une durée de quarante minutes à une heure environs. En situation de confinement partiel, nous n’avons donc pas eu besoin d’autorisation de circuler, nos différents entretiens s’étant déroulés généralement en matinée et à certaines occasions, en début d’après-midi.

La grande majorité du temps des « exilés-clandestins » rencontrés est consacrée à la recherche de « petits marchés », « au noir ». Le passage d’un travail à un autre, et dans différents quartiers est l’une de leur caractéristique. « Il faut finir vite un chantier » afin de passer rapidement à autre. En effet, un bon migrant clandestin doit « savoir bouger », au risque de « se faire prendre ». Notre enquête et nos différents entretiens ne se sont donc pas toujours déroulés dans les quartiers de résidence des exilés. Edouard, la quarantaine révolue, résidant au quartier Boulevard Triomphale (dans le secteur appelé ndjèmbè), nous a bien initié à la pratique de la ville d’un migrant « sans-papiers ». Sa connaissance des interstices nous menait d’un quartier à un autre sans que nous ne puissions vraiment retenir les trajets et les raccourcis. Du Boulevard Triomphale par exemple, nous apparaissions à Nkembo, puis des entrailles de ce quartier, à Sotega. Ces circulations interstitielles n’étaient pas une forme de loisir. Edouard se rendait à une bricole.

Il nous a semblé que la marche que nous avons dû adopter pour suivre « la cadence », chez certains interlocuteurs, est articulée à leur temps de travail et constitue une technique du corps importante. C’est lors de ces marches que nous est venue l’intuition sur la pratique de la ville des migrants illégaux. Non pas que ces types de circulations interstitielles soient propres aux exilés, mais le confinement peut devenir une situation propice à l’ethnologue pour mettre au jour ce qui échappe souvent à son observation dans des situations « normales » d’enquête en milieu urbain. Ce qui semble se révéler ici, et dont il faudra sans doute approfondir la réflexion en termes de méthodologie (mais pas exclusivement), c’est qu’il y a bel et bien une ville des sans-papiers. Non pas seulement au sens des « cartographies » des « zones sensibles » pour échapper aux mauvaises rencontres (avec les policiers), telles que le décrit Stefan Le Courant (op. cit.) dans son études des sans-papiers à Paris, mais aussi au sens de leurs perceptions de ces espaces circulatoires, qui ont un lien avec leur condition statutaire et liminale.

Cette dernière finit par construire chez les migrants illégaux une culture des « seuils » (J. Tonda, 2015) avec laquelle l’anthropologue doit désormais composer. Car, dans la férocité du contexte néolibérale, les démocraties et les organisations internationales ont modifié, comme nous le rappelle Hélène Thomas (2010), leur approche des populations défavorisées. D’après cette auteure, désormais la guerre est déclarée non plus à la pauvreté mais aux pauvres, enrôlés dans ce combat contre eux-mêmes. Ils font l’objet de la vigilance des savants, de la sollicitude des experts et d’une surveillance continue des acteurs publics et ne sont plus traités comme des citoyens malheureux ou mal intégrés mais comme des incapables.

Les instruments de ce nouveau gouvernement des pauvres qui les coupent de l’exercice de leurs droits humains et de leurs libertés fondamentales, les condamnent finalement à la « désubjectivation et au silence » (H. Thomas, 2010) des seuils. Dans ce contexte, ce sont ces liminalités comme nouveau « lieu de vie » qui vont certainement se multiplier partout dans le monde et dont l’anthropologue, avec ces outils d’investigation, devra en rendre compte.

Ainsi nos entretiens, lorsqu’ils ne se passaient pas au domicile de nos interlocuteurs, se déroulait pendant ces moments de marches et sur leurs lieux de travail. Paradoxalement, c’était en mobilité que nos interlocuteurs se livraient à nous avec forces détails. Cet aspect est certainement dû au fait qu’ils avaient l’impression que nous touchions du doigt leur quotidienneté. Ce partage d’expériences de la vie des seuils dans un contexte de restriction sociale qui exacerbait leurs difficultés a fini par créer des liens d’amitié. C’est dire que la relation d’enquête ne se passe pas exclusivement dans l’immobilité entre l’enquêteur et son interlocuteur.

Le confinement total, puis partiel a rendu les choses un peu plus difficiles. Selon nos interlocuteurs, la rareté des chantiers et des opportunités de « travail-bricole » a fragilisé davantage leur situation et accru leur vulnérabilité. Paradoxalement, cette rareté du travail intensifiait leur mobilité. C’est dans ce contexte de « détresse réelle » (Marx, 1968) de ces exilés congolais que se sont déroulées nos enquêtes de terrain.

4. Des crises sociopolitiques à un problème centré sur les réfugiés congolais

4.1. Le contexte d’ostracisassions sociale des exilés congolais
Dans les années 1970, le Gabon connait un extraordinaire boum pétrolier qui lui vaut d’être qualifié de petit « Émirat » d’Afrique Centrale. Pour développer ses infrastructures, une main d’œuvre abondante est nécessaire. Le Gabon va donc favoriser l’entrée sur son territoire de centaine de migrants ouest-africain en quête de travail et de meilleure vie.

L’installation définitive de ces migrants va favoriser les flux migratoires de plus en plus pousser des ressortissants d’autres pays et ce, malgré la sévère conjoncture qui frappera le jeune Etat au début des années 1980. Les migrants africains installés au Gabon s’investissent alors dans ce que le langage populaire qualifie de « petits métiers ». Désormais, plusieurs secteurs de l’économie – formelle et informelle - gabonaise, sont occupés par les migrants ouest-africains en particulier. Ainsi, si l’on considère que la fin de la période glorieuse du boom pétrolier a mis un terme à l’Etat social, elle n’a pas seulement fragilisé les populations gabonaises.

Les crises sociopolitiques successives de 2009 et surtout 2016, liées aux transitions démocratiques ratées, vont plonger le Gabon dans une situation financière morbide. L’examen récent de la situation politique par l’Union Européenne (UE) et économique par le Fond monétaire international (FMI), montre l’urgence pour le Gabon, désormais sous perfusion, de réformer en profondeur son mode de gouvernance. Dans ce contexte, ce sont les jeunes diplômés, fraichement sorties des universités et Grandes Ecoles, qui sont frappés de plein fouet par le chômage endémique. Cette situation favorise la montée des sentiments xénophobes toujours dirigés vers les étrangers, et exacerbés par les autorités qui craignent la remise en cause par les populations, de leur légitimité.

4.2. Construire la vulnérabilité des exilés congolais [9]
Il n’est pas étonnant que les réfugiés, dans le contexte de dégradation économique du Gabon, continuent à être confrontés à de sérieuses difficultés sociales. Avec la modicité du budget [10] alloué au programme du HCR au Gabon, la Représentation régionale se trouve dans l’incapacité de répondre aux sollicitations des réfugiés.

Ainsi, depuis l’afflux des réfugiés congolais au Gabon et surtout au début des années 2000, l’aide humanitaire n’était plus significative ni systématique. Le quotidien gabonais « L’Union » du 12 mai 2000 informait sur les appels de détresse et les doléances des réfugiés « oubliés » du Congo-Brazzaville dans la ville de Mouila dans le sud du pays. Là-bas, la précarité des réfugiés était absolue.

C’est dans cette situation plus qu’alarmante, que la France réagi en envoyant une aide humanitaire d’urgence à ces populations. Cette aide comprenait entre autres dix tonnes de frets humanitaires réparties entre des denrées alimentaires de base (lait infantile, huile, sucre, etc.), des kits de cuisine, des tentes, des bâches et des lits de camp. La Croix-Rouge gabonaise en assurait alors la distribution sur les sites.

Mais, il faut aussi rappeler que depuis janvier 2000, face à leur précarité accrue, le Gabon s’était lancé dans des procédures diplomatiques complexes avec la République du Congo et le HCR pour leur rapatriement « volontaire ». Mais cette solution entrait en opposition avec les projets des réfugiés. Pour une grande majorité d’entre eux, la solution durable [11] envisagée était la réinstallation en Occident.

En 2004, le service social du HCR recevait encore environ 4000 demandes d’aides sociales de la part des réfugiés (pour répondre essentiellement aux problèmes de loyer et de nutrition). Seulement, le budget n’avait pu satisfaire les besoins que de 1 132 réfugiés. En ce qui concerne les micros crédits permettant de financer les activités génératrices de revenus, seuls 109 réfugiés ont pu en bénéficier avec un taux de remboursement très faible en milieux urbains. Pourtant, ces micros crédits s’étaient rapidement interrompus.

Ainsi, la dégradation radicale des conditions de vie des réfugiés congolais a fini par convaincre l’Etat gabonais que le processus de paix au Congo-Brazzaville se présentait maintenant comme une nécessité, et qui devrait se régler entre l’Etat congolais et ses réfugiés. En d’autres termes, ces derniers étaient invités à regagner leur pays. Les réfugiés congolais ont donc dû introduire de multiples recours afin de pousser le gouvernement gabonais à reconsidérer ses positions.

Mais ces résistances ont eu comme effet la radicalisation du gouvernement gabonais dans sa volonter de les rapatrier.

En 2005 déjà, dans le contexte de l’échéance présidentielle entre le président sortant Omar Bongo du Parti Démocratique Gabonais (PDG), et son principal rival, Pierre Mamboundou de l’Union du Peuple Gabonais (UPG), les réfugiés sont soupçonnés par les autorités gabonaises de faire entrer des armes de guerre au Gabon. Leur appartenance ethno-régionale au Congo-Brazzaville les plaçait en effet dans une situation délicate. Ils pourraient éventuellement, dans la logique sécuritaire de l’Etat gabonais, entrer en sympathie avec le leader de l’UPG, lui-même sudiste et d’ethnie punu, identité ethnique de nombreux réfugiés congolais.

Dans les médias, ils sont désormais présentés comme figure de trouble social. Il faut, à travers un martelage médiatique, se les faire représenter dans l’imaginaire gabonais comme de potentiels déstabilisateurs de la paix sociale. Ainsi, pour Michel Agier, « dans les médias et la rumeur populaire, la compassion cède très vite le pas au soupçon dès qu’on cherche à dire qui sont les déplacés. Parce qu’ils viennent de lieux salis par la guerre, de lieux qu’on voudrait ne pas connaître. Des préjugés font supposer l’existence de souillures individuelles ou – catégorielles – des [réfugiés] contaminés par les massacres, les violences, les trahisons, les complicités forcés qui furent les causes de leurs déplacements » (2002, 60).

Après une relative accalmie - malgré leurs persécutions quotidiennes par les forces de l’ordre - dans ces tentatives de rapatriement forcé et donc illégal, la pression du gouvernement gabonais sur les réfugiés congolais sera désormais remise à l’ordre du jour à partir de 2010 pour obtenir leur rapatriement. Il est important, dans une hypothétique logique sécuritaire de l’Etat gabonais, de comprendre le sens de ces opérations qui ont concerné les réfugiés congolais. En 2010, une rumeur fait état, à Paris, de la présence du défunt leader de l’UPG Pierre Mamboundou pour cause de maladie et que celui-ci serait très affaibli. Rappelons qu’après la proclamation des élections présidentielles anticipées d’août 2009 au Gabon, suite à la disparition d’Omar Bongo Ondimba, Pierre Mamboundou avait été grièvement blessé par balle. L’incident induit par la contestation des résultats se serait produit alors que la police dispersait violemment un rassemblement pacifique que tenaient les opposants à Ali Bongo ondimba, nouvel « homme fort » du pays, devant les locaux de la commission électorale indépendante (CEI) à Libreville, à l’ancienne « Cité de la démocratie ». D’autres rumeurs avaient également fait état de son décès suite à ces blessures. Si cette information avait été confirmée, l’on aurait pu s’attendre à des troubles à Libreville et dans les villes du sud en particulier. Troubles pouvant dégénérés en conflit civil et militaire et dont les conséquences n’auraient pas été prévisibles. Susceptibles de renforcer les masses « sudistes » dans un éventuel conflit civil, les autorités de Libreville veulent prévenir le mal en rapatriant, sous le couvert de l’accord tripartite, autant de réfugiés congolais que possible. C’est dans ce scénario que le gouvernement de Libreville va s’atteler à fabriquer, à travers les médias, la figure du réfugié congolais comme le « parent ennemi » [12].

Puisqu’il s’agit d’un « parent ennemi », l’Etat va réactiver l’accord tripartite du 11 septembre 2001 signé avec Brazzaville sous l’égide du HCR : « Les réfugiés congolais du Gabon devraient commencer à regagner leur pays dès le mois d‘avril, à la suite d‘un accord signé par les gouvernements gabonais et congolais dans un contexte de l‘après-guerre au Congo », pouvait-on lire dans les lignes du quotidien gabonais « L’Union plus » de mars 2010.

Les réfugiés congolais ont souvent exprimé par des grèves de la faim, leur mécontentement relatif au traitement dont ils faisaient l’objet. En janvier 2011, le gouvernement proclame la cessation de leur statut de réfugié en territoire gabonais. En réaction, en février 2012 ces derniers déclenchent une grève de la faim devant le siège du HCR à Libreville. Ils réclamaient alors leur statut de réfugié et de demandeurs d’asile. Les réfugiés congolais, munis de leurs bagages, passaient la nuit « à la belle étoile », certains avec femmes et enfants. Ils seront déguerpis quelques temps après par les forces de l’ordre. Après avoir marché tout le long du Boulevard Triomphal, ces derniers iront trouver refuge, pendant trois mois, dans la parcelle de la cathédrale Sainte-Marie, en face des locaux du ministère des Affaires étrangères et non loin de la primature. Selon Dieudonné Nzikou, leur porte-parole d’alors, le retour « volontaire » et le paiement du titre de séjour pour ceux qui désiraient demeurer au Gabon étaient deux options que les réfugiés congolais n’avaient pas trouvées satisfaisantes. Ils les avaient donc tous simplement refusées.

Outre la grève de la faim, le HCR souligne des menaces de suicide, de recours à la violence à l’égard du personnel du HCR et des partenaires d’exécution ou à l’égard d’autres réfugiés qui ne sont pas solidaires des moyens utilisés pour la protestation. De nombreux congolais arrivés au Gabon dans le contexte de la guerre milicienne dans leur pays et n’ayant pas opté pour le retour volontaire ni pour le paiement du titre de séjour, sont désormais catégorisés comme migrants clandestins. Risquant à tout moment la rafle policière, ils doivent désormais vivre dans l’« anonymat », dans des interstices, ou être des invisibles. Dans cette situation, comment vivent-ils l’ordre imposé du contexte sanitaire de la covid-19 fait de contraintes, de restrictions et de contrôle de la mobilité des individus ?

5. La vie quotidienne dans la Covid-19

5.1. L’emploi en attente
La vie dans la covid-19 est faite de restrictions et de réductions dans tous les domaines. Concernant l’emploi, les exilés congolais se sont appuyés sur leurs réseaux relationnels dont nous faisions désormais parti pour continuer à travailler, bien qu’illégalement. Par exemple Rodrigue, résidant au quartier Derrière la prison s’est vu confier la mise aux normes du réseau électrique de quelques salles de classe dans une école primaire privée à Derrière l’Ecole Normale, notre quartier de résidence. Le propriétaire, que nous connaissons bien du fait de la proximité de l’établissement à notre domicile, est lui-même ressortissant congolais. C’est par nos soins que la rencontre entre les deux compatriotes s’est faite. Actuellement, Rodrigue participe à la construction de deux salles de classe supplémentaires dans cette école. Un autre exemple est celui de Stéphane, qui dit être, tantôt garagiste de formation, tantôt menuisier et informaticien (nous n’avons aucun moyen de vérifier cela). Lors notre entretien en début d’après-midi à son domicile, petite studette qu’il loue au quartier Boulevard Triomphale, ce dernier rentrait d’un « boulot terrible » au quartier Rio, où il est allé « examiner » le moteur d’un véhicule de marque Lexus. Stephane a été mis en contact avec un client gabonais par l’entremise non pas d’un de ces compatriotes, mais par Camerounais. Ainsi, le réseau relationnel est un réseau d’interconnaissance. Les informations sur les opportunités de travail circulent de façon intra et intercommunautaire.

Avant le confinement total et ses successifs assouplissements, certains étaient enseignants dans les établissements privés laïc dont les fondateurs sont généralement leurs compatriotes. D’autres chrétiens convertis, exerçaient plutôt dans les écoles aux relents pentecôtistes. Un minimum de revenu leur était donc assuré. Pour beaucoup d’exilés, comme il nous l’a été révélé sur le terrain, l’emploi même s’il est précaire, permet d’avoir une épargne conséquente, avec toutes les privations possibles et une « vie qualifiée » de « seuil » ; celle-ci servant au projet migratoire en Occident.

Mais, la vie du covid-19 reconfigure les perspectives en mettant les emplois en « stand by ». Ce qui repousse à une date ultérieure les projets migratoires, car il faudra reconstituer l’épargne utilisée et parfois épuisée pendant le temps des confinements. Dans l’ordre social du Covid-19, l’accès réduit à l’emploi réduit en même temps l’accès aux produits de première nécessité, puisque pour certains, l’argent vient à manquer. Cette situation est donc génératrice de stress et d’inquiétude, comme l’a signalée une étude du Mixed Migration Centre (2020) sur l’impact de la Covid-19 sur les réfugiés et migrants en Afrique de l’Ouest.

5.2. Les soins de santé
L’accès aux soins de santé constitue aussi un véritable défi. En déficit de revenus, certains exilés congolais ne pouvaient plus se rendre dans les structures sanitaires de la place. Pour les soins, quelque soit la pathologie, il fallait également s’appuyer sur un réseau de connaissance afin d’avoir accès aux médicaments. Parfois, certains ont recours aux infirmières dans leur quartier de résidence pour l’administration de médicaments ou le placement d’une perfusion, pour la modique somme de cinq mille F Cfa, par exemple. Au-delà du revenu et de façon générale, plusieurs, faute de documents juridiques ou de titres de séjour, préfèrent ne pas se rendre dans les grandes structures hospitalières (les CHU) par crainte d’être signalés aux autorités. Le recours au marché parallèle du médicament est une pratique courante chez plusieurs exilés congolais clandestins en situation de vulnérabilité. Ces derniers, n’ayant plus de couverture santé, se fournissent en médicaments au marché Nkembo ou à la Gare-routière. Mais cette pratique n’est pas exclusive aux migrants clandestins.

De nombreux « Gabonais Economiquement Faible (GEF) y ont également recours. Il ne faut pas omettre l’utilisation des médecines naturelles. Parfois, faute d’argent en situation de confinement, les exilés, mais aussi les Gabonais, utilisent des mixtures par prévention. La grippe faisant partie des signes clinique du covid, ils refusent de se faire consulter au risque d’être considérés comme porteur de ce virus. Parallèlement, du fait du travail des médias qui entretiennent la psychose, les boissons chaudes à base de gingembre et citron ou d’ekouk sont régulièrement consommées.

5.3. Circuler dans les interstices
La situation sanitaire de la covid-19 et son nouvel ordre social, bien que provisoire, révèle un autre aspect de la condition des migrants clandestins en général et des exilés congolais en particulier. Leur situation statutaire impose de nouvelles modalités de circulation dans l’espace urbain. De jour, dans les transports en commun, la préférence ira au taxi-bus à cause du nombre relativement important de voyageurs qui accroît l’invisibilité, alors que le masque assure son anonymat. Les taxi-bus font aussi rarement l’objet de contrôle des passagers par les forces de police ou la gendarmerie. L’exilé congolais n’ayant pas acquis la carte de séjour a appris à être, à vivre et à penser en migrant clandestin. Il doit passer « inaperçue ». Cela suppose un apprentissage qui, au fil du temps devient une véritable praxis. Si on y prête un intérêt, l’on s’apercevra que dans les mouvements routiniers, l’espace urbain se « cachent » de subtils mécanismes et arrangements humains (F. Laplantine, 2003).

Cette circulation interstitielle ne se réduit pas aux transports en commun. Les nombreuses pistes ou voies secondaires, appelés dans le langage argotique des jeunes, pivots, et qui relient les quartiers sous-intégrés de Libreville donnent un espace circulatoire large et plus ou moins sûr, à l’abri des rencontres indésirables et accidentelles avec la police ou la gendarmerie. Les exilés congolais, clandestins, ont une véritable pratique de la ville. Ces pratiques dont on ne prête pas suffisamment attention contiennent pourtant des bribes de sens, qui pourraient bien avoir des implications éthiques et politiques (F. Laplantine, op. cit.). Laplantine considère même qu’elles peuvent être un mode de connaissance micrologique (ibidem) .

Ce sont aussi ces voies secondaires et pistes que les exilés congolais utilisent pour se rendre dans leurs différents lieux de travail au noir.

5.4. Aménager son existence pour ne pas sombrer
Circuler dans les interstices pour travailler dans les entrailles des quartiers : pour (sur)ivre dans le contexte des premiers confinements, certains exilés ont multiplié les petits boulots. Du transport d’eau pour approvisionner les familles aux entretiens des espaces verts dans les concessions en passant par la ferronnerie. Ils pouvaient gagner jusqu’à 10 mille francs par jour. Ce qui n’était pas toujours le cas avant la pandémie. Le travail, même au noir était relativement stable. Jean-juste était gérant de bar (sans-papiers) [13]avec sa conjointe Annette, gabonaise (la patente était à son nom). Depuis la fermeture des bars due à la pandémie, il multiplie les bricoles.

D’autres, bien avant la situation sanitaire actuelle, se sont reconvertis, dans les métiers de la construction. C’est ainsi que nous avons eu deux entretiens avec l’un de nos 11 interlocuteurs dans son chantier au quartier Cocotier où il faisait la pose des carreaux. C’est par l’intermédiaire d’un de ces amis gabonais, qu’il a pu obtenir ce petit contrat avec une dame qui souhaitait carreler son séjour. Ancien chauffeur de taxi à Libreville, il s’est reconverti dans la maçonnerie.

Il vrai que le travail illégal pose aussi un véritable problème sanitaire et social pour les migrants. En cas d’accident du travail – et ils sont fréquents étant donné qu’ils font surtout des travaux pénibles – ils peuvent rapidement se retrouver dans des situations souvent dramatiques.

Sans véritable recours officiel possible, le travail au noir des exilés congolais comme d’autres migrants illégaux au Gabon est donc, bien souvent, l’unique solution trouvée pour survivre. Mais il peut aussi être dans certains cas, utilisé comme outil vers la régularisation. Comme il nous l’a été rapporté lors de notre enquête, certains ont pu régulariser leur situation après avoir été longtemps migrants clandestins, en payant leur titre de séjour, non sans avoir rencontrés d’importantes difficultés. Comme en Europe, certains migrants congolais utilisent aussi de fausses pièces d’identité, voire de faux diplômes pour avoir accès à l’emploi officiel ou au noir. Peut-être, comme on peut l’observer en France par exemple, emprunteront ou « loueront »-ils des documents d’identité à certains de leurs compatriotes en règle afin de bénéficier d’un certain nombre de droits sociaux et avoir accès à la consommation.

Quoi qu’il en soit, malgré une survivance difficile dans les petits boulots et les risques encourus, les mécanismes de survie mobilisés par les exilés congolais en situation de pandémie de la Covid-19, même s’ils sont insuffisants, permet d’aménager leur existence, pour ne pas sombrer et maintenir des liens sociaux minimaux.

Conclusion

Les exilés congolais au Gabon, après la perte de leur statut de réfugiés en République gabonaise sont désormais inscrits dans la catégorie des migrants économiques. Plusieurs d’entre eux résident au Gabon de manière illégale. Sans droits sociaux, puisque clandestins, ils font désormais face à la vulnérabilité. Cette dernière, dans le contexte de cette réflexion, a été appréhendée dans son articulation avec la question du lien social pour voir comment elle est rattachée à des situations précises, pour traduire le ressenti des exilés à la violence, à la dépendance et à des rapports de pouvoir qui leur sont très défavorables.

Il est possible, pour paraphraser Brodiez-Dolino (2014, 16), qu’en acceptant le principe de la validité scientifique du terme dans ces deux types d’usage circonscrits que sont le sanitaire et le social, d’examiner comment la vulnérabilité peut s’appliquer à la catégorie spécifique des [exilés], relue sous un prisme historique et/ou sociologique.

Ainsi, au-delà des mécanismes mobilisés par les exilés comme type de résilience en situation de crise sanitaire, cet article montre que la vulnérabilité est un révélateur du fonctionnement des sociétés modernes. Elle est aussi le témoin de l’effacement d’un certain type de socialisation liée à la communauté ou au travail. « Elle est moins un état, qu’un processus issu d’une potentialité à être blessé et fondé sur une capacité plus ou moins durable, et plus ou moins complète, à (ré)agir » (J. Zaffran, 1997).

En Afrique, de façon générale, les réfugiés sont désormais invités à anticiper leur avenir et à gérer eux-mêmes au quotidien leurs trajectoires biographiques. Dans le contexte néolibéral, ils doivent devenir les entrepreneurs de leur propre existence.

Bibliographie

1. Ouvrages
Agier Michel, Aux bords du monde, les réfugiés, Paris, Flammarion, 2002.
Brodiez-Dolino A., Von Bueltzingsloewen I., Eyraud B., Laval C., Ravon B. (dir), Vulnérabilités sanitaires et sociales. De l’histoire à la sociologie, Rennes, PUR, 2014.
Castel Robert, La montée des incertitudes. Travail, protections, statut de l’individu, Paris, Seuil, 2009.
Hachimi Aloui Myriam, 2007, Les chemins de l’exil. Les Algériens exilés en France et au Canada depuis les années 1990, Paris, L’Harmattan, 2007.
Marx Karl, Engels Friedrich, Sur la religion, Paris, Les Éditions sociales, 1968.
Laplantine François, De touts petits liens, Paris, 1001 nuits, 2003.
Thomas Hélène, Les vulnérables. La démocratie contre les pauvres, Paris, Editions du Croquant, 2010.
Tonda Joseph, L’impérialisme postcolonial. Critique de la société des éblouissements, Paris, Karthala, 2015.
Zaffran Joël, L’intégration scolaire des handicapés, Paris, L’Harmattan, 1997.

2. Articles
Becquet V., Les « jeunes vulnérables ». Essai de définition, Agora, n° 62, 2012-3.
Favrat, Adélaïde, « La vulnérabilité. Questions de recherche en sciences sociales », in Politiques sociales et familiales, n° 119, Comptes rendus de lectures, 2015.
Ovono Essono Armel, « Le processus d’intégration des exilés congolais à travers les Eglises pentecôtistes charismatiques à Libreville », in Revue Gabonaise de Sociologie, n°10, Paris, L’Harmattan, 2017.
Ovono Essono Armel, « Les relations conjugales à l’épreuve de l’exil chez les Congolais exilés au Gabon », in Revue Gabonaise de Sociologie, n°11, Paris, L’Harmattan, 2019.
Sarcinelli Alice Sophie, « Les Roms, des élèves « vulnérables » ? Une cartographie de la prise en charge de l’ « élève rom » en Italie », in Vulnérabilité, identification des risques et protection de l’enfance. Nouveaux éclairages et regards croisés, GIP enfance en danger, La documentation française, 2014.

3. Articles numériques
Cohen Valerie, « La vulnérabilité relationnelle », in Socio-anthropologie [En ligne], 1 | 1997. Consulté le 12 novembre 2020.
Formoso Bernard, « Michel Naepels, Dans la détresse. Une anthropologie de la vulnérabilité », in L’Homme [En ligne], 231-232 | 2019.Consulté le 03 décembre 2019.
Mixed Migration Center. Afrique de l’Ouest Snapshot 4Mi COVID-19. Impact du COVID-19 sur les réfugiés et migrants en Afrique de l’Ouest, mai 2020.
Nicholas P. De Genova, « Illégalité et expulsion des migrants dans la vie quotidienne », in Revue annuelle d’anthropologie, Vol. 31 : 419-447 (date de publication du volume octobre 2002), Publié pour la première fois en ligne en tant que Review in Advance le 14 juin 2002, https://doi.org/10.1146/annurev.anthro.31.040402.085432
Stefan Le Courant, « La ville des sans-papiers », in L’Homme [En ligne], 219-220 | 2016, mis en ligne le 28 novembre 2018, consulté le 30 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/lhomme/29106 ; DOI : 10.4000/lhomme.29106

4. Thèse
Ovono Essono Armel Didier, La construction du lien social chez les réfugiés et demandeurs d’asile congolais au Gabon. Une anthropologie de l’exil, thèse de doctorat anthropologie et sociologie, Université Lumière Lyon 2, 2013.

Pour citer cet article : Armel Ovono Essono, « Les exilés congolais au Gabon. Entre vulnérabilité et processus de résilience », Revue Oudjat en Ligne, numéro 4, volumes 1 & 2, janvier 2021, L’Afrique en temps de pandémie. Vivre et écrire à l’ère du Covid-19, ISBN : 978-2-912603-98-2/EAN : 9782912603982.

[1Le « Grand Libreville » rassemble les communes de Libreville, Owendo, Akanda, Ntoum et la Pointe Denis. Cf. fiche des Ministères de l’intérieur et de la défense nationale sur les modalités pratiques de confinement du « Grand Libreville ».

[2Nicholas P. De Genova, « Illégalité et expulsion des migrants dans la vie quotidienne », Revue annuelle d’anthropologie, Vol. 31 : 419-447 (date de publication du volume octobre 2002), Publié pour la première fois en ligne en tant que Review in Advance le 14 juin 2002, https://doi.org/10.1146/annurev.anthro.31.040402.085432.

[3Stefan Le Courant, « La ville des sans-papiers », L’Homme [En ligne], 219-220 | 2016, mis en ligne le 28 novembre 2018, consulté le 30 avril 2019. URL : http://journals.openedition.org/lhomme/29106 ; DOI : 10.4000/lhomme.29106

[4Pour l’histoire des violences politiques au Congo,voir Bazenguissa-Ganga Rémy, 1997, Les voies du politique au Congo : essai de sociologie historique, Paris, Karthala ; Yengo Patrice, 2006, La guerre civile au Congo-Brazzaville. 1993-2002, Paris, Karthala ; Obenga Théophile, 1998, L’histoire sanglante du Congo-Brazzaville. Diagnostique d’une mentalité politique africaine, Paris, Présence Africaine ; Tonda Joseph, 2005, Le Souverain moderne. Le corps du pouvoir en Afrique centrale (Congo, Gabon), Paris, Karthala.

[5Dans la politique d’asile du HCR, pendant les mouvements massifs de réfugiés, généralement dus à des conflits ou à une violence généralisée, il n’est toutefois pas toujours nécessaire de procéder à un entretien individuel avec chaque demandeur d’asile ayant traversé une frontière. Par conséquent, ces groupes sont souvent déclarés réfugiés «  prima facie  ».

[6Rappelons que, selon l’article premier de la convention de Genève de 1951, « un réfugié est une personne qui, craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays ; ou qui, si elle n’a pas de nationalité et se trouve hors du pays dans lequel elle avait sa résidence habituelle à la suite de tels événements, ne peut ou, en raison de ladite crainte, ne veut y retourner ».

[7Le terrain principal de la recherche est Libreville, Capitale politique et administrative du Gabon, qui compte à ce jour un peu plus de 700.000 habitants. Nos enquêtes se sont déroulées dans les trois quartiers en l’occurrence « Derrière la Prison » (D.P) et Boulevard Triomphale dans le premier arrondissement, et Sotega dans le deuxième arrondissement. Les toponymes de ces quartiers se constituent à partir des marqueurs spatiaux de diverses natures. Ils peuvent être naturels (un arbre) ou matériels (un bâtiment). Ainsi, le quartier « Derrière la prison » est ainsi baptisé du fait de la présence du Centre pénitencier de Libreville. Le quartier « Boulevard Triomphale » tire son nom du Boulevard construit par les Yougoslaves en 1979. A cette époque, le président Omar Bongo, président en exercice de l’ancienne Organisation de l’Union Africaine (OUA), lance des travaux de grande envergure à Libreville. C’est dans la même période qu’est construite l’ancienne Cité de la démocratie. Enfin, l’abréviation de la Société de textile gabonaise, Sotega, a servi de référent pour le nom du quartier.

[8Pour les besoins d’anonymat, les noms de nos différents interlocuteurs sont fictifs.

[9Cette synthèse sur la précarisation des réfugiés congolais au Gabon s’appuie sur notre thèse de doctorat, voir Armel Didier Ovono Essono, La construction du lien social chez les réfugiés et demandeurs d’asile congolais au Gabon. Une anthropologie de l’exil, thèse de doctorat anthropologie et sociologie, Université Lumière Lyon 2, 2013, p. 124-128.

[10Haut Commissariat aux Réfugié (HCR), 2008.

[11Dans sa politique d’asile, le HCR propose trois solutions durables aux réfugiés : le rapatriement volontaire, l’intégration locale et la réinstallation dans un autre pays.

[12Le terme « parent ennemi » est une catégorie que nous avons construite pour rendre compte, dans une perspective interactionniste, des rapports entre l’Etat, les Gabonais et les Congolais en « situation de réfugiés ».

[13Nous considérons que Jean-Juste travaille désormais au noir depuis la perte de son statut de réfugié au Gabon.

 

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[Numéro ISSN : 3005 - 7566]