++L’Afrique au XXe siècle.Les prismes sous lesquels les Africains ont observé, lu et analysé leur continent au XXe siècle semblent procédés des mêmes instruments en usages dans les approches destinées à appréhender l’Afrique de ce début de XXIe siècle. Pour les Africains d’autrefois comme pour les contemporains, la connaissance de l’Afrique se pose à la forme indirecte libre. Tout de l’Afrique : éducation, économie, politique, savoirs, procède d’une logique qui paraît échapper à ses univers de sens propres. En matière de littérature, Cheikh Anta Diop relevait déjà cette asymétrie : « Sans sous-estimer le moins du monde la valeur de ces écrivains africains de langue étrangère, a-t-on le droit de considérer leurs écrits comme la base d’une culture africaine ? Un examen – même superficiel – nous pousse à répondre par la négative. En effet, nous estimons que toute littérature appartient à la langue dans laquelle elle est écrite : les œuvres écrites par des Africains relèvent, avant tout, de ces littératures étrangères et l’on ne saurait les considérer comme les monuments d’une littérature africaine » (1990, 33-34). Sans rentrer dans les présupposés historiques, politiques et idéologiques d’une telle affirmation, on ne peut que relever le paradoxe africain né des situations coloniale et postcoloniale. Sur le plan strictement universitaire, ce paradoxe se nourrit de mêmes négations. La pensée savante circulant dans les sciences en Afrique s’emploie ainsi à être une « pensée sous contrainte, une pensée brute, une pensée non finie, une pensée hantée non autonome. Une pensée qui met [l’universitaire africain] dans une posture de parler de lui-même comme d’un autre, dans la mesure où il pratique une [une science] des subalternes qui doit être traitée par [son collègue] blanc », ajoute Joseph Tonda (2012, 116). L’Afrique d’aujourd’hui ne peut s’autoriser un retour à l’âge de pierre, comme le suggère Gilbert Zuè-Nguéma (2009). En effet, l’urgence de la posséder autrement que sous les prismes desquels nous la voyons, à partir constructions ordonnées pour asseoir un universalisme nécessairement conceptuel (F. Sarre, 2016), expose l’anthropologie africaine à être toujours en marge du monde. La question fondamentale reste alors de la confronter à une recherche objective portant sur les divers paradigmes en littérature ou dans les autres domaines propres aux lettres et sciences humaines. Elle serait donc la suivante : qu’est-ce que l’Afrique réelle ? Correspond-elle aux discours médiatiques et scientifiques du monde d’hier ou du monde globalisé d’aujourd’hui, des savoirs en circulations dues au diffusionnisme scientifique ? Doit-on repenser les instruments analytiques qui en ordonnent la perception ? Ou alors celle-ci participerait-elle effectivement d’une modélisation/mondialisation intégrale de la pensée au creux des Global et des Local studies, et qui cantonnerait le continent dans un rôle déjà écrit par une Histoire dans laquelle elle ne serait « pas encore entrée » ?, etc. L’objet de ce colloque est d’apprécier les « objets-Afrique » ou si l’on préfère, l’« Afrique-objets », tous deux produits des sciences humaines et sociales, et en l’occurrence des méthodes d’investigations et de recherches élevées au rang de sciences humaines et/ou de méthodes d’investigation à mi-parcours du XXe siècle. Les produits cognitifs réalisés méritent également d’être interrogées. En effet, des concepts comme : « littérature africaine », « littérature orale », « philosophie africaine », ou autres ethnosciences ou sciences appliquées à la compréhension de l’Afrique, de ses cultures, de ses sociétés, de ses environnements physique et maritime (communication, anthropologie, sociologie, géographie, psychologie, psychiatrie, etc.), et qui y ont été développées comme des paradigmes scientifiques à travers lesquelles le continent est perçu, sont appelés à être réexaminés.
Axe 2 : Sciences et universalisme Axe 3 : L’Apprentissage des sciences dans l’Afrique du XXe siècle
Les propositions de publication doivent être envoyées aux adresses : Normes : A télécharger sur le site www.editionsoudjat.org. Mise en ligne des actes sur le site : 30 novembre 2019. |